La découverte des îles Shetland du Sud c’était il y a 200 ans

Il y a tout juste deux siècles, au début de l’année 1819, des hommes découvraient totalement par hasard les îles Shetland du Sud à 900 kilomètres au Sud du cap Horn. Retour sur cette découverte, qui fut suivie par celle du grand continent blanc.

Localisation

Les îles Shetland du Sud, se trouvent à environ 900 kilomètres au sud-est du Cap Horn et seulement une centaine de kilomètres de l’extrémité de la péninsule Antarctique. Cet archipel qui s’étend sur plus de 500 kilomètres de long, compte 11 grandes îles (et de nombreux îlots) dont la plus grande, l’île du Roi George. Les géographes considèrent que les extrémités de l’archipel sont formées par l’île Low au sud et l’île Cornwallis au nord. Parmi ces îles, on retrouve des noms célèbres comme Deception Island ou encore Elephant Island, où les hommes d’Ernest Shackleton trouvèrent refuge en avril 1916.

Protéger les intérêts britanniques

Au cours du XIXème siècle, des navires de la Royal Navy furent envoyés dans l’océan Pacifique afin de protéger les intérêts et ressortissants britanniques. Parmi eux, les marchants étaient sans doute le groupe le plus influent, faisant pression sur leur gouvernement afin qu’il protège leur commerce et voies maritimes. Leur requête reçut un écho positif, puisque « l’Escadron du Pacifique » fut créé sous la forme d’une flotte de navires de la Royal Navy, appelée « South America Station ». L’officier supérieur en charge en 1819 était le capitaine William Henry Shirreff.

William Smith

William Smith, capitaine anglais qui débuta sa carrière sur des baleiniers au Groenland, quitta Buenos Aires le 16 janvier 1819 aux commandes du William (dont il était copropriétaire). Il devait acheminer une importante cargaison comprenant fonte, fer, tabac, médicaments, coton, soie, papier, vêtements, instruments de musique, chapeaux, selles, livres, vins et eau-de-Cologne, jusqu’à Valparaiso, pour le compte de la société McNeill, Dixon & Co basée à Valparaiso. Afin de trouver des vents favorables, Smith décida de passer le plus au large possible de l’Amérique du Sud, tant et si bien qu’il aperçut une terre le 19 février. A son arrivée à Valparaiso le 11 mars, Smith annonça cette découverte à Shirreff qui ne prêta pourtant guère attention à celle-ci, considérant qu’il ne devait s’agir que de glace dérivante.
Smith repartit au mois de juin, mais le mauvais temps et la glace empêchèrent le capitaine anglais de voir quoi que ce soit dans la même zone.
Le 15 octobre, au cours du voyage retour de Montevideo à Valparaiso, la terre fut à nouveau en vue, au même endroit qu’au début de l’année. Cette fois-ci, Smith navigua le long de la côte et, le 17 octobre, plusieurs membres d’équipage débarquèrent dans une baie (nommée Shirreff’s Cove en hommage à William Shirreff) où ils prirent possession de cette terre au nom de sa Majesté le roi George III.

Le premier nom donné à cette terre nouvellement découverte fut New South Britain, mais Smith le changea pour New South Shetland, en référence à la latitude identique dans l’hémisphère nord des îles Shetland.
Différents documents disponibles, indiquent que les hommes débarquèrent vraisemblablement à Venus Bay, au nord-est de l’île connue de nos jours sous le nom de King George Island.

Edward Bransfield

A son retour à Valparaiso, le 29 novembre, Smith informa de nouveau les autorités britanniques de l’existence d’une terre au sud de l’Amérique du Sud. La réaction fut cette fois-ci différente, puisque Shirreff ordonna aussitôt le départ pour le Grand Sud du William, qu’il loua à Smith, afin de reprendre possession de cette terre, de cartographier de façon précise les côtes et de déterminer les possibilités de chasse à la baleine dans cette région du globe. C’est ainsi que le 19 décembre, à peine vingt jours après son retour en Amérique du Sud, le navire repris la mer, sous les ordres cette fois d’Edward Bransfield, capitaine nommé par Shirreff. William Smith était également à bord, mais son rôle n’est toujours pas vraiment connu à ce jour. Certaines sources évoquent la position de pilote des glaces. Le William atteignit à nouveau les îles Shetland du Sud le 16 janvier 1820.
Continuant leur navigation d’exploration, les hommes du William pourraient être les premiers, le 29 janvier 1820, à avoir aperçu le continent Antarctique…

Sources et références

  • Shackleton, Ernest, South – The Story of Shackleton’s last Expedition 1914-1917, William Heinemann, 1919 (consulter)
  • The Edinburgh Philosophical Journal, 1820
  • United States Board on Geographic Names, Geographic Names of the Antarctic, 1995
  • Hamish, Stewart, New antecedents on the discovery of the South Shetland Islands: the journal of midshipman Charles W. Poynter, 1819-1820, Revista Estudios Hemisféricos y Polares, volume 5, 2014
  • A. G. E. Jones, Captain William Smith and the discovery of the New South Shetland, Geographical Journal, 141, 1975
  • Jorge Ortiz-Sotelo, Peru and the British naval station (1808-1839), 1998
  • Sephen Martin, A history of Antarctica, State Library of New South Wales Press, 1996

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3 réponses
  1. Jean-Paul Le Gueut dit :

    Bonsoir
    J’aime vos articles et je sais combien vous
    êtes passionnés . Moi je le suis aussi pour être allé 4 fois au Spitz et j’y retourne cet été. Je
    prépare voyage de 3 semaines en Antarctique pour l’an prochain car je suis allé en géorgie 2 fois et cette fois ce sera pour une « Boucle Australe ». Je suis passionné par les expéditions : Amundsen, Shackleton, Andrée Maison , Nordenskjoeld et tout ce qui touche aux « Expés » polaires. Quel souvenir à Cave-Cove dans Haakon-Bay dans la crique où débarqua Shackleton et ses compagnons. sa tombe à Grytviken !!!!

    Je suis très content d’y retourner et de peut-être un jour vous rencontrer. Je vous souhaite de bonnes exposé et vous dit bonsoir

    Bien cordialement JP Le Gueut Ste Luce sur Loire 44

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