Le repos éternel pour Nicolai Hanson

Le 1er mars 1899, débutait au cap Adare à l’entrée ouest de la mer de Ross, le premier hivernage connu sur le continent antarctique. C’est au cours de cet hivernage, cœur de l’expédition Southern Cross dirigée par Carsten Borchgrevink, que le zoologiste norvégien Nicolai Hanson décéda, le 14 octobre 1899. Si le médecin de l’expédition conclut à une occlusion intestinale, la raison du décès reste un mystère, d’autant que le jeune homme était déjà souffrant lors du voyage depuis l’Angleterre. Il s’était pourtant remis avant l’arrivée au cap et avait entamé son travail d’observations scientifiques et de collecte de spécimens. Son état de santé s’était cependant détérioré pendant l’hiver.

Tôt le matin du 14 octobre, le médecin appela ses camarades « j’ai dit à Mr Hanson qu’il ne peut pas supporter plus longtemps cette maladie, par conséquent, il voudrait dire quelques mots et vous serrer la main à tous. » Hanson, parfaitement lucide, transmis à Borchgrevink des informations et instructions relatives à ses travaux zoologiques. Puis il lui demanda où il comptait l’enterrer. « Où tu le souhaites » répondit Borchgrevink. « Eh bien, vous vous souvenez peut-être de moi en photo debout à côté d’un gros rocher au sommet du cap Adare ? J’aimerai bien être enseveli du coté abrité de ce rocher. »
Trop faible, il ne pu écrire à son épouse mais il remit une enveloppe au docteur pour elle, contenant son alliance. Il s’étaient mariés quatre mois avant son départ et sa jeune épouse avait par la suite donné naissance à Johanne, leur fille, qui ne connaitrait jamais son père.
Une demi-heure avant sa mort, le premier manchot Adélie de retour à la colonie pour la saison fût apporté à Nicolai. Il trouva encore la force de l’examiner pour savoir s’il était adulte ou juvénile… « Adulte » remarqua-t-il. Puis il s’adressa calmement à Anton Fougner, son assistant scientifique:

« Cela n’est pas si difficile de mourir sur une terre étrangère, c’est comme dire au revoir à ses amis quand on part pour un long voyage. »
Dernière phrase de Nicolai Hanson

A l’âge de 29 ans et après deux mois sans sortir de la cabane, Nicolai Hanson s’éteignit donc dans son lit.

Le 20 octobre après quatre heures d’ascension, ses compagnons l’inhumèrent selon ses souhaits en haut de la falaise surplombant le cap Adare. En raison du sol gelé et de la roche, il leur fallu trois jours de travail et l’usage de dynamite pour réussir à aménager sa tombe. Nicolai Hanson fut ainsi le premier homme à être inhumé sur le continent antarctique.

Le 2 février 1900 dans la matinée, cinq de ses compagnons lui rendirent une dernière visite. Ils en profitèrent pour ériger au-dessus de sa tombe une croix en métal plantée dans le rocher, à laquelle ils fixèrent une plaque en laiton. Fougner récolta même un peu de mousse qu’il déposa sur la tombe en guise de « verdure ».
A la fin de la journée, les neuf camarades d’hivernage de Hanson s’étaient tous rendus sur sa tombe. A 18h15, l’expédition quittait le cap Adare.

« L’argent peut acheter des choses, bonnes ou mauvaises, mais toute la richesse du monde ne peut acheter un ami, ni payer pour la perte de celui­-ci. »
William Colbeck, scientifique de l’expédition

Non loin de la tombe de Nicolai s’élève le pic Hanson (1255 m), l’un des plus hauts sommets de la péninsule Adare.

En ce début de mois de février, se rendre au-dessus de la falaise surplombant le cap Adare, fut un moment particulier, et certainement privilégié… La tombe est toujours là, en parfait état, dominée par le « gros rocher » et faisant face au nord. Tout autour, s’étend un désert lunaire de roches volcaniques, ça et là surmontées par d’autres blocs erratiques. Seuls les cris des labbes de McCormick viennent de temps à autre rompre le silence de ce lieu…

 

« Au milieu du silence profond et de la paix, il n’y a rien qui puisse déranger l’éternel repos, excepté le vol des oiseaux marins et, lors de la longue nuit hivernale, l’éclatante et mystérieuse aurora polaris qui traverse majestueusement le ciel, formant un glorieux arc de lumière juste au-dessus du cap et de la tombe. En été le soleil éblouissant brille perpétuellement au-dessus de ce monde de blancheur. »
Louis Bernacchi, physicien et photographe de l’expédition

 


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