Baie de la Madeleine

Entrer dans la baie de la Madeleine au Spitzberg, quelque soit la météo, reste un moment fort ! Ce qui me frappe le plus souvent, ce sont ses montagnes acérées, sorte de forteresse, qui cernent ce petit fjord. C’est ce que remarqua aussi le hollandais Willem Barents en 1596 lorsqu’il entra dans la baie de la Madeleine au cours de son voyage à la recherche du passage du Nord-est. Il baptisa d’ailleurs cette ile jusqu’à alors inconnue du nom de Spitzberg, traduisez « montagnes pointues ».

C’est ensuite un autre navigateur Henry Hudson qui naviguera dans les eaux autour du Spitzberg (croyant toujours au passage que cette terre était reliée au Groenland), mentionnant dans son journal de bord, que les baleines sont nombreuses comme « carpes en vivier ». C’est la phrase de trop, les chasseurs de baleines se ruent autour du Spitzberg ; les basques, les hollandais et les anglais se lancent vers ce nouvel eldorado. La Baie de la Madeleine porte les traces de cette histoire des baleiniers ; pas moins de 130 tombes y sont présentes. Dans la plupart des cas il s’agissait d’hommes morts du scorbut ou d’accidents liés à la chasse elle même. Il n’y avait pas pour autant d’installation de station baleinière, excepté un grand campement. Lorsqu’une baleine était repérée, des canots avec chacun cinq hommes à bord, étaient lancés d’un navire principal. Sur ces cinq hommes, quatre étaient les rameurs, le cinquième le harponneur. Il avait pour tâche, de viser au mieux la baleine qui une fois harponnée plongeait pour tenter d’échapper à ses poursuivants. Le harpon était reliée à une corde permettant non seulement de garder le contact avec la baleine, mais aussi de savoir où et quand celle-ci referait surface, avant d’être de nouveau harponnée ! Une fois la malheureuse morte d’épuisement et/ou vidée de son sang, les hommes la ramenait vers la baie afin de la découper en morceau. Le principal intérêt pour eux, était de faire fondre la graisse afin d’en tirer un combustible permettant notamment l’éclairage urbain dans de nombreuses grandes villes. Pour transformer la graisse, les morceaux découpés étaient mélangés à de l’eau dans un grand chaudron, lui même encastré dans un grand four en pierres. Le procédé permettait d’obtenir de l’huile dégagée de toutes impuretés (gravier, sel, invertébrés…) qu’il suffisait de collecter à la surface du chaudron. Une fois mis en tonneau, l’huile était ensuite exportée par bateau.

Ce sont aussi ces vestiges du passé qui rajoutent un peu plus de charme à la baie de la Madeleine. Même s’ils font référence à une période noire pour les baleines, ils sont de ces vérités que l’on doit aux hommes, à leurs luttes, leurs souffrances et leurs espoirs…


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