Le caracara austral

Abondant selon Darwin

On peut observer ce superbe rapace (le plus austral du globe) qu’est le caracara austral (Phalcoboenus australis) en Terre de Feu, au Cap Horn, et bien évidemment aux îles Malouines où la population a été estimée à 500 couples dans les années 1990 et à 605 dans les années 2013-2014 ; ce qui en fait donc l’un des rapaces les plus rares au monde. En 1883, année où Charles Darwin visita les Falkland, l’oiseau devait être bien plus abondant si on se réfère aux dires du personnage :

« Non seulement les caracaras étaient extrêmement nombreux, mais ils hantaient constamment le voisinage des maisons pour ramasser toutes sortes d’abats ». Charles Darwin

En 1908, cette espèce a été officiellement classée nuisible pour l’élevage des moutons, pour des raisons qui une fois encore semblent plus s’apparenter à une mauvaise réputation qu’autre chose. C’est ainsi que le caracara fût chassé sans relâche, le Gouvernement des Falkland donnant des primes pour chaque prise ! Heureusement ce rapace bénéficie depuis 1964 de mesures de protection et la population est suivie.

Cette espèce niche soit à découvert au sommet d’une touffe de tussor, soit dans une cavité bien protégée dans une falaise. Mais d’une manière générale, toujours à proximité d’une colonie d’oiseaux (manchots, cormorans…). Il s’est donc spécialisé dans la capture de poussins et de lapins, mais également d’invertébrés glanés lorsqu’il marche dans les prairies et sur les plages des îles Malouines. C’est également et surtout un charognard. Des individus ont été observés en février 2017 en train de se nourrir d’une petite pieuvre échouée ! 

Si un jour vous voyez un rapace moucheté de plumes claires, courir dans les zones herbeuses des Malouines, il s’agira sans doute du caracara austral ou caracara strié. Intrigante rencontre en tout cas !

Un faucon à l’intelligence d’un perroquet ?

C’est en tout cas ce que révèle une étude surprenante publiée en 2023. Des chercheurs ont ainsi découvert que des caracaras étaient capables d’ouvrir rapidement des boîtes pour accéder à un appât introduit à l’intérieur. Chaque boite, était équipé d’une ouverture différente telle qu’une porte à coulisser sur le coté, un levier à pousser, une bascule, un fil à tirer ou encore un papier à percer.
L’équipe de recherche a noté que 15 des oiseaux étudiés ont trouvé la boîte à puzzle et ont tenté d’ouvrir les compartiments : tous les 15 ont réussi à résoudre au moins une énigme et 10 ont réussi à les résoudre toutes. Les chercheurs ont noté que certains oiseaux ont résolu les énigmes qu’aucun cacatoès de Goffin n’avait pu résoudre, et qu’ils les ont généralement résolus plus rapidement.

Sources et références

  • Katie J. Harrington, et al., Innovative problem solving by wild falcons, Current Biology, 2023 (consulter)
  • Anna R. Autilio et al., Social scavenging by wintering striated caracaras (Phalcoboenus australis) in the Falkland Islands, Behavioral Ecology and Sociobiology, 2019 (consulter)
  • Katie J. Harrington et al., Predation of Southern Red Octopus (Enteroctopus megalocyathus) by Striated Caracaras (Phalcoboenus australis) in the Falkland Islands, Journal of Raptor Research, vol 53, 2019
  • Sarah Crofts, Distribution and Abundance of Breeding Striated Caracaras in the Falkland
    Islands (Malvinas), Journal of Raptor Research, 2018 (consulter)
  • James A. Jobling, The Helm Dictionary of Scientific Birds Names, London, 2010

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