Le mont Holtanna

Quand l’Antarctique ne veut pas, inutile d’insister. Avant-hier, malgré un grand soleil dans notre petit coin glacé, le beau temps n’a pas voulu être au rendez-vous du coté de la mer de Weddell et de la base Neumayer, notre destination tant attendue. Impossible donc de faire atterrir le DC3 et de pouvoir s’approcher des manchots empereurs comme prévu. Du coup, le programme a été modifié et nous sommes partis plus à l’intérieur des terres gelées. Après 45 min de vol, nous voici posés au pied d’une des plus grandes et difficiles parois au monde, celle du mont Holtanna, selon les dires avisés de Stéphane notre guide de haute montagne. Autant j’ai été très déçu de ne pouvoir, pour cause de météo défavorable, saluer les manchots empereurs qui me sont si chers, autant nous fûmes saisis par le site grandiose et d’envergure qui s’imposait à nous. Imaginez-vous à 1 900 m d’altitude ; devant vous surgissent des entrailles du continent perforant la calotte glaciaire, de vertigineuses falaises aux parois parfaitement verticale sur plusieurs centaines de mètres ! Gigantesque, impérial !

Nous avons rencontré sur place une expédition de militaires français préparant une ascension, et une autre de quatre allemands dont deux déjà en paroi et seulement à mi-chemin après quatre jours de progression. Selon la rumeur, Ulvetanna (2 907 m d’altitude) et Holtanna (2 880 m) sont considérées aujourd’hui comme les falaises faisant rêver bon nombre d’alpinistes. Nous nous sommes contentés du plancher des vaches (même si ce ruminant est difficile à voir ici) pour dresser notre camp afin de passer la nuit au pied des falaises. La nuit a été glaciale, c’est le moins qu’on puisse dire, avec -23°C dans ma tente et aux alentours de -30°C dehors ! Après une nuit difficile où le froid s’est amusé à me réveiller souvent, il m’a fallu sur le matin faire dégeler mon duvet ainsi que mon tapis isolant gelés dans le sol. L’avion est revenu en fin de journée nous récupérer mais avec deux heures de retard dû au sauvetage d’un aventurier autrichien parti traverser l’Antarctique en ski : après être tombé à deux reprises dans des crevasses, sauvé par le seul poids de son traîneau qui a eu la bonne idée de rester, lui, en surface, il a dû abandonner en raison de problèmes familiaux chez lui. Bref, nous voici de retour à notre camp principal depuis hier soir, après un second sauna chez les russes à la base Novolazarevskaya et surtout une excellente nuit.

Une découverte allemande

C’est un des deux hydravions embarqués à bord du navire allemand Schwabenland, qui survola et découvrit pour la première fois cette chaîne de montagne baptisée Drygalskiberge (les montagnes Drygalski) le 30 janvier 1939. L’équipage du Passat réalisa la toute première photographie du mont Holtanna, qui fut nommé ainsi par la sixième expédition antarctique norvégienne (1956-1960) et signifie la « dent creuse ».

Sources et références

  • Colin Summerhayes, Hitler’s Antarctic base: the myth and the reality, Polar Record, vol 43, 2007 (consulter)
  • Christof Friedrich, Germany’s Antarctic Claim: Secret Nazi Polar Expeditions, 1977



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1 réponse
  1. Frédérik GUINODEAU dit :

    Bonjour,
    J’adore votre photo du mont Holtanna en antarctique présente sur votre site ou l’on voit des personnes s’y rendre.
    J’aimerai acheté cette photo.
    Est-ce possible?
    Dans l’attente de vous lire.
    Cdt.
    Frédérik GUINODEAU

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