Dans les glaces de la mer d’Okhotsk

C’est sous un ciel bleu, que nous sommes entrés ce matin dans les glaces de la mer d’Okhotsk. Cette dernière se situe à l’est de la Russie, bordée au nord par 3200 km de côte de la Sibérie orientale, à l’ouest par 1 550 km de côte de l’île de Sakhaline, au sud par 350 km de littoral de l’île japonaise Hokkaido, ainsi que 1 200 km d’îles et d’îlots formant l’archipel des Kouriles. Enfin sur sa partie est, la mer d’Okhotsk est délimitée par 1400 km de côte de la péninsule du Kamtchatka.
Dépendant administrativement de 4 régions autonomes (Sakhaline, Magadan, Kabarovsk et Kamtchatka), cette mer couvre une superficie d’environ 1 600 000 kilomètres carrés (3 fois la taille de la France).
La mer d’Okhotsk est caractérisée par trois ensembles bathymétriques : des eaux peu profondes (0 à 200 m) surtout au nord, qui occupent environ 30% de la surface totale de la mer, un bassin central avec des profondeurs allant de 200 à 2000 m (60% de la surface totale), et enfin au sud une zone profonde de plus de 2 000 m (10% de la surface totale). La profondeur moyenne est donc de 890 m avec des maximums au nord des îles Kouriles, compris entre 3 300 et 3 500 m.
Climatiquement parlant, cette région de l’Extrême-Orient russe est unique. La latitude moyenne est de 53°N, ce qui correspond dans l’hémisphère nord à la ville de Dublin en Irlande ou encore de Port Clements sur l’île de Vancouver au Canada. Pourtant le climat de la mer d’Okhotsk est complètement différent de celui de ces 2 autres villes côtières. Plusieurs raisons à cela : la première réside dans le fait que la région est sous influence directe du climat polaire et sub-polaire venant de la Sibérie et de l’Arctique. C’est également le courant Oyashio, un des trois plus importants courants froid de l’hémisphère nord, descendant directement du bassin arctique via le détroit de Béring, qui apporte des masses d’air et des eaux froides. Les température de l’eau de mer est de 11°C en moyenne en été et de -1°C en hiver. La mer d’Okhotsk est donc en grande partie couverte par la banquise à cette saison, avec une extension maximale de glace de mer au mois de mars.
Cette mer est également caractérisée par d’importants phénomènes d’upwelling ou remontée d’eaux froides des profondeurs, transportant avec elles une quantité considérable de nutriments. Par conséquent, la région est une des plus « productives » au monde. Il est fréquent par exemple de pouvoir observer de gigantesques taches vertes depuis l’espace correspondant au phytoplancton ! Cette énorme biomasse est une source d’alimentation pour 20 espèces de mammifères marins dont 5 espèces de phocidés, 2 d’otaridés et 13 de cétacés. C’est ainsi dans la mer d’Okhotsk que se trouvent certains sites de reproduction de lion de mer de Steller, que vit le phoque rubané, le marsouin de Dall, et plus de 200 espèces d’oiseaux essentiellement représentées par la famille des alcidés (guillemots, stariques et macareux).

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Deux villes bordent cette mer : Okhotsk (3 776 habitants) et Magadan (95 000 habitants), avec une économie principalement tournée vers la pêche, la région étant la plus poissonnière au monde (340 espèces de poissons). L’autre secteur économique, est l’industrie du gaz et du pétrole notamment à l’est de l’île Sakhaline, mais la mer d’Okhotsk compterait bien d’autres gisements en particulier sur son pourtour côtier. Enfin citons également l’exploitation du bois, ainsi que celle des ressources minières.
C’est donc au cours ce de dernier voyage de ma saison en Russie, que j’ai eu l’occasion de naviguer le long des côtes de la mer d’Okhotsk, qui tire son nom selon les historiens de la rivière Okhota (383 km de long). Celle-ci prend sa source à 1 300 m d’altitude dans la chaîne de montagne Suntar-Khayata et se jette à proximité de la ville actuelle d’Okhotsk.

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Quel plaisir de naviguer aujourd’hui dans ces résidus de banquise de l’hiver dernier, avec en plus 4 espèces différentes de phoque observées dont le phoque à rubans et de très nombreux oiseaux.


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